Rencontre avec Tim Daniel avant son départ pour le Stade Aurillacois
Il y a des joueurs qui marquent plus de leur empreinte la vie d’un club que d’autres… Non pas que ces derniers n’aient pas laissé de souvenirs. Loin de là ! Mais certains ont leurs noms indissociables de l’histoire d’un club, de son ADN. Tim Daniel est de ceux-là. A l’image des Eric Tissot, Philippe Capelle, Didier Deruydts, José Castello, Bernard Viviés, André Buonomo ou encore Marc Andrieu, Tim Daniel fait partie de ce panthéon du Rugby Club Nîmois. Un club qui l’a accueilli à l’âge de 15 ans, en provenance de ses Alpes de Haute Provence, et du club de Manosque. Un club où il va rapidement faire sa place. Cadets A, Crabos, Reichel, le troisième ligne centre qu’il est au départ se fait vite remarquer, « tape » même dans l’œil du président de l’époque Claude Pontaud. Naîtra de cette rencontre une réelle amitié, presque filiale… « Je lui dois beaucoup » avoue pudiquement le premier. C’est aussi le début d’une belle histoire avec le Rugby Club Nîmois et un certain… Alexandre Nierat « mon ami », avec qui il va connaître, après les équipes jeunes, de belles campagnes avec l’équipe première. Plus de dix années ! En fédérale 1, fédérale 3, fédérale 2, et de nouveau fédérale 1… Dix ans de victoires, de défaites, mais surtout d’aventures humaines. Dix ans de combat et de solidarité. Dix ans pour passer du statut d’adolescent à celui d’adulte et d’avoir la reconnaissance. Comme celle que les travées du stade Kaufmann lui réservaient souvent, en scandant son prénom à chacune de ses percées balle en main, de ses perforations au ras des rucks, de ses plaquages destructeurs. Avec son départ, le stade Kaufmann perd un de ses joueurs emblématiques, un de ses enfants. Mais comme tout parent, il faut savoir couper le cordon, et être fier du chemin parcouru…
A 15 ans, l’enfant de Manosque se retrouve au RCN, et non au PARC (club d’Aix en Provence), une anomalie ?
Au contraire ! A Nîmes, j’ai retrouvé un club familial, plus proche de mes racines, plus en adéquation avec ce que je vivais à Manosque. Et puis je connaissais des joueurs qui avaient tenté leurs chances au PARC, et en étaient revenus dégoutés…
A Nîmes, tu débutes en cadets puis en juniors aux côtés d’un certain Alexandre Nierat ?
Cadets A, Crabos, Reichel… C’est en juniors qu’Alex et moi, on commence à jouer ensemble. On est un vieux couple maintenant (sourires) ! C’est mon pote, mon acolyte, mon partenaire de mêlée et de bringue (sourires) ! Alex, au-delà d’être aussi mon binôme de chambre lors des déplacements, c’est mon ami. Il va me manquer. Dès qu’Aurillac m’a contacté, je l’ai tout de suite mis au courant. Il était content pour moi (ému).
Tu te souviens de ton premier match en équipe 1 ?
Comment l’oublier ! C’était le 20 septembre 2008 au stade Kaufmann face au club de Grasse. J’étais remplaçant au poste de troisième ligne aile.
A l’époque, quels joueurs étaient sur les feuilles de match ?
J’ai eu la chance énorme de jouer avec des joueurs formidables, comme Laurent Diomandé, Pierre Tacchella, Stéphane Mounier, Philippe Poggetti. Et bien d’autres…
Si on regarde dans le rétroviseur, quels sont tes meilleurs souvenirs ?
Le match de la montée contre Gaillac (le 24 mai 2015, une rencontre gagnée 27 à 25). Ce moment sera gravé dans ma mémoire à vie, avec cette action d’anthologie d’Alex (encore lui, sic) dans les dernières minutes. Et puis, notre match à Rouen en phase finale. Après avoir perdu à la maison, on avait sorti un match de folie là-bas… (le 14 mai 2017, après avoir perdu 23 à 51 au stade Kaufmann, ce jour-là les joueurs Nîmois s’étaient imposés en Normandie 31 à 11)
Le pire ?
Une rencontre contre Mazamet au stade Kaufmann où sur une action anodine, je me blesse gravement au genou. (Ce jour-là, Tim se « fait » les ligaments croisés intérieur du genou droit. Verdict : huit mois d’arrêt).
Au-delà de l’aspect sportif, que retiendras tu de ces années passées au Rugby Club Nîmois ?
Depuis que je sais que je pars, j’ai beaucoup d’images, de souvenirs qui remontent à la surface. Mais je dirais avant tout une personne. Claude Pontaud. Une personne magnifique, au franc-parler, un peu brut de décoffrage. Mais tellement généreux à la gentillesse non mesurable ! En 15 ans, j’ai côtoyé beaucoup de monde, de joueurs, d’éducateurs… Chacun à sa manière m’a apporté quelque chose.
Aujourd’hui tu pars pour une nouvelle aventure avec le Stade Aurillacois. Qu’est ce qui a motivé ton choix ?
Le défi sportif ! A bientôt 32 ans, c’est une opportunité qui ne se présentera plus jamais. J’ai pu prouver pendant 4 jours « d’essai » que j’étais au niveau. Le club d’Aurillac me fait confiance, je saisis donc ma chance. C’est un choix difficile car j’ai toujours évolué dans un seul club mais je relève le défi et prouverai que j’y arriverai, pour finir ma carrière en beauté.
Quelles ont été les réactions de tes proches sur ce choix ? De papa et maman ?
Que des retours positifs ! Quand le club d’Aurillac m’a annoncé officiellement le transfert, j’ai pleuré comme un enfant avec ma maman. La seule chose qui me chagrine, c’est que mon papa, étant atteint de cette maladie de m…. d’Alzheimer, il ne peut pas se rendre compte de ce qui m’arrive… Je dois beaucoup à mes parents qui ont fait, depuis mes débuts à Manosque, de nombreux sacrifices pour que je puisse aller au bout de ma passion.
Avant de te laisser partir pour le Cantal, un mot sur le volet formation. Car au Rugby Club Nîmois tu étais aussi responsable de l’école de rugby, et responsable de la formation. Quel bilan en tires-tu ?
Être au contact des gamins et leur transmettre les valeurs de notre sport a été un réel plaisir. Chaque semaine, me rendre sur les terrains pour voir, entraîner, conseiller tous ces jeunes était une source d’énergie. Je ne manquerais pas de continuer à suivre leurs résultats, même de loin…