Ce matin il régnait une certaine émotion au Golf Nîmes Campagne où Olivier Bonné avait donné rendez-vous à la presse pour annoncer sa démission prochaine de la présidence du Rugby Club Nîmois. L’heure de tirer un bilan, mais pas seulement… Verbatim.
« 9 ans pour faire du neuf. Il y a 9 ans je reprenais le club. Février 2012, devant la catastrophe annoncée, Jen-Paul Robert alors membre du Conseil d’Administration, demande au Juge au Tribunal de Commerce et à l’éducateur bénévole que j’étais de venir « auditer » le club et de conseiller le président Claude Pontaud.
Durant 3 ou 4 mois, j’audite le RCN, je rencontre les joueurs pro, les salariés, les élus, les débiteurs, les partenaires, je conseille le président sur l’état de cessation de paiement et les enjeux juridiques pour les membres de son CA. La double rétrogradation sportive et financière était alors déjà engagée par la FFR. Le club glisse de fédérale 1 à fédérale 3.
Le 27 juin 2012, je fais des propositions factuelles de réformation du club et propose de m’investir dans le club si mes propositions reçoivent un accueil favorable.
Je suis alors nommé sur le champ Vice-président. J’impose au Président Claude Pontaud ma validation préalable à tout paiement et demande au Conseil d’Administration du RCN de voter la demande de cessation de paiement et la mise en redressement judiciaire.
En cessation de paiement, nous avions le choix entre la liquidation et le redressement. J’ai fait celui du redressement. Dans la foulée, je procède au changement de tous les conseils : expert-comptable, commissaire aux comptes, avocat, et changement de coachs avec mise en place d’entraineurs nîmois. Je présente un projet de club. Une équipe féminine est créé. Nous changeons de logo et de régie publicitaire. Je réforme le Conseil d’Administration et mets en place un Comité Directeur. Le club fait l’acquisition de ses deux premiers minibus.
Un an après, la montée sportive en Fédérale 2 est validée par la DNACG (12 mai 2013.) Un an après, c’est aussi le retour des bénéfices. Les fonds propres passent de -1.200.000€ à -550.000€, Je suis élu Président en septembre
A l’issue de la saison 2013 – 2014, le RCN se maintient en Fédérale 2. La saison suivante, 2014 – 2015, le RCN monte sportivement en Fédérale 1, mais fidèle à son règlement et, malgré l’apurement des finances en cours, la DNACG refuse la montée pour insuffisance de fonds propres (fonds propres négatifs).
La saison 2015 – 2016 sera celle de la fin du purgatoire sur le plan sportif : le RCN retrouve enfin sa place en Fédérale 1. Et même si la DNACG refuse toujours la montée, le RCN obtient gain de cause en appel, à la condition de conditions retrouver des fonds propres sous 2 ans. Engagement tenu : En juin 2018, le RCN retrouve officiellement des fonds propres positifs.
Depuis, le Club ne cesse de se structurer. Nous avons acheté les murs du Club house, le Drop, en mars 2018. En septembre 2018, la ville de Nîmes a validé la création d’un espace partenaire qui sera livré en septembre prochain. La FFR a labellisé en juin 2019 le centre d’entrainement du RCN. Toujours en 2019, l’équipe féminine est elle aussi montée en Fédérale 1
Le RCN est aujourd’hui une PME structurée
Le RCN est passé de 3 salariés en 2012 à 34 salariés aujourd’hui. Nous comptions 61 partenaires en 2012. Ils sont à présent 180. Le budget lui est passé de 753 000 € à 1 450 000 €. Durant cette même période, le résultat est passé de 816 501 € de pertes à 76 374 € de bénéfices et les fonds propres alors négatifs d’1 187 309 € devraient avoisiner les plus 400 000 € à la clôture de l’exercice en cours.
Voilà mon bilan.
Après, et au-delà des données très factuelles que je vous livre ici, il peut toujours il y avoir, je ne les nie pas, des contestations ici ou là sur la manière de faire ou sur des choix. Mais c’est la démocratie. Un club, c’est une société d’Hommes. Nous ne nous sommes pas tous promis de nous aimer. C’est le rugby que l’on aime et qui nous réunit. Le rugby et les couleurs de Nîmes qui sont les couleurs du club. Fort heureusement, nous ne pensons pas tous pareil et nous n’avons pas les mêmes envies. C’est d’ailleurs ce qui fait le charme de la vie et de la vie d’un club. Je ne me suis pas engagé au RCN pour être aimé. Je me suis engagé au RCN pour le servir. Je l’ai incontestablement servi et j’en suis fier. Après, il ne faut surtout pas attendre de la Présidence une quelconque reconnaissance personnelle. Car ce serait alors la meilleure façon de finir déçu et aigri. Tel n’est pas fort heureusement mon état d’esprit.
L’heure du départ
L’heure du bilan tout d’abord et le sentiment d’avoir fait le job même si dans les faits, pas tout à fait encore, car je veux attendre le rendu officiel des comptes, courant octobre.
La feuille de route que je m’étais tracée il y a 9 ans était la suivante
1- La remontée
2- L’apurement des comptes
3 – La préparation de l’avenir.
Aujourd’hui, il me reste donc à réussir ma passation. Je m’y attèle depuis des mois. Bien avant ma décision de m’engager en politique aux cotés de Jean-Paul Fournier. Mais lorsque l’on veut faire correctement les choses, cela prend nécessairement du temps. A présent, je délègue davantage qu’auparavant. En procédant ainsi, je veux donner aux prétendants des occasions de prouver qu’ils ont les moyens et l’envie de bien faire, car une bonne transmission ne s’accomplit pas dans la rupture mais dans l’anticipation et la transition.
La relève sportive est là. La relève au sein du conseil d’administration aussi : Arnaud Volpillière, Steeve Calligaro, Guillaume Natton…et d’autres. Je leurs confie déjà d’importantes responsabilités au sein du club. Ils sont tous animés d’une grande passion. C’est très important. La passation aura lieu courant octobre. Nous vous tiendrons informés. Il ne faut pas brûler les étapes et se précipiter inutilement. Il n’y a aucune raison à cela. Je crois qu’il y a un temps pour tout. Et j’entends faire le job du premier au dernier jour.
Je demeurerai donc président jusqu’au jour de la publication des comptes et je passerai la main en octobre avec le sentiment du travail accompli. J’ai la chance d’avoir réuni autour de moi des profils possibles de grandes qualités. Des personnalités différentes animées par la passion du rugby et du RCN. Le choix du successeur n’est pas encore arrêté et quoi qu’il en soit, c’est au conseil d’administration d’en décider même si j’entends bien, lorsque le moment sera venu, faire entendre mon sentiment. Mais encore une fois, la situation du RCN aujourd’hui est sans comparaison avec celle que l’on a connue en 2012. Le climat est à présent apaisé. Le club sait où il va. Il n’y a pas de révolution à engager. Il convient simplement d’accompagner désormais ce club vers ses objectifs avec des compétences et des énergies nouvelles et dévouées.
Ma mission aura ainsi débuté il y a neuf ans avec des comptes dans le rouge. Je transmettrai le club avec des comptes dans le vert et un état d’esprit tout neuf. Je quitterai donc en fin d’année la Présidence, mais pas le club. Je me mettrai à disposition pour apporter à la nouvelle équipe mon expérience et mes conseils. En revanche, je vais désormais davantage me consacrer à ma famille, à mon activité professionnelle aussi et bien sûr à cette délégation municipale qui me passionne tant. Le sport est un vecteur de révélation sociale. Le rugby véhicule des valeurs fortes. Il se trouve que la rénovation urbaine que j’ai l’honneur de servir aux cotés de Jean-Paul Fournier s’inscrit précisément dans cette dimension sociétale et dans cet universalisme. Cette politique est donc pour moi un prolongement logique et naturel de mon engagement associatif avec le RCN.
Voilà ce que je voulais vous dire aujourd’hui.
Olivier Bonné.
Président du Rugby Club Nîmois.